Ce Dimanche (le 19 Juillet) quarante-cinq Mille-Pattes partent en vadrouille à travers la campagne Saintongeaise...
Même pas peur!!! les Mille-Pattes de Saintonge, sur le chemin de Pont l'Abbé à Beurlay, traversant le bois des fraises où le loup enragé avait sévi...
Résumé de cette histoire, contée sur les lieux même du carnage par jfB...
LES VICTIMES DU LOUP ENRAGÉ DE BEURLAY
AU DÉBUT DU XIXiéme SIÈCLE, LES LOUPS HANTENT NOS CAMPAGNES, Y FONT DES RAVAGES ET DES VICTIMES.
En octobre 1822, un loup enragé a mis en émoi plusieurs communes des arrondissements de Saintes et de Marennes. L'événement est connu, parce qu'il a été signalé à plusieurs reprises, avec plus ou moins de précision. Le principal témoignage est celui d'un médecin Saintais nommé Magistel, qui a publié un rapport daté du 24 janvier 1823.
Le samedi 12 octobre 1822, par un doux après midi d'automne, un loup enragé sévit dans les environs de Beurlay. Sur les trois heures de l’après-midi, il décime un troupeau de moutons dans la commune de Saint-Thomas-du-Bois. Une heure plus tard, parvenu dans la commune de Beurlay, il attaque deux hommes qui travaillent dans les champs, les nommés Boutin et Bonniot, qui se défendent courageusement comme ils peuvent avec leurs outils. Boutin sort indemne du combat, mais Bonniot est mordu au bras. Vers 17 heures, l'animal rôde toujours sur la commune de Beurlay où il avise les moutons de la famille Aimard, des Papillons, gardés par les deux filles de la maison. Il saisit la plus jeune à la gorge, la traîne sur plus de trente pas, puis déchire presque entièrement la tête de l'aînée. Le père, qui travaille non loin de là, alerté par les cris des filles, se précipite à leur secours et la bête lui fait une ample blessure au bras gauche.
Vers 18 heures, l’animal féroce se signale à la Marboire, petite lieue de distance, dans la commune de Saint-Sulpice. Il se jette sur les moutons des Combaud, gardés par Marie-Madeleine et Marie-Anne. Le chien est lacéré, les filles sont mordues. Pierre Combaud, un enfant de huit ans, arrive pour défendre ses soeurs, suivi du père Combaud, puis d'un voisin, le nommé Georget. Ce dernier, un ancien militaire qui en a vu d'autres, s'est armé d'un levier et il réussit à mettre l'animal en fuite. Cependant tous sont horriblement blessés, plus ou moins gravement.
Une demi-heure plus tard, François Brassaud, le meunier de la Vauzelle, en Saint-Porchaire, chemine avec ses deux mules, dans la même commune de Saint-Sulpice, sur la grand route de Pont l'Abbé, quand le loup le rencontre, en un lieu désert. Ici, le récit de Magistel est si précis que nous ne pouvons mieux faire que de laisser la parole au médecin.
Le médecin : "Les mules font des sauts, ronflent, s'agitent ; Brassaud inquiet regarde de toutes parts, voit un loup qui le suit pas à pas, tapage, s'agite, fait claquer son fouet, pour épouvanter le loup ; l'animal, sans s'émouvoir, suit ; les mules s'agitent davantage ; Brassaud n'en est plus maître, craint de tomber, descend, fait de tout pour faire peur à son ennemi ; le loup l'attaque ; le combat est affreux, dure près de demi-heure ; ils se battent corps à corps ; l'animal, toujours debout sur ses pattes de derrière, le renverse par terre, tantôt l'homme dessous, tantôt le loup, se terrassent l'un et l'autre, se relèvent, se renversent ; enfin le loup terrasse Brassaud, lui engoule la figure ; Brassaud, de ses deux mains, saisit ses deux mâchoires, entrouvre sa gueule, se dégage, se relève ; l'animal, écumant de rage et de fatigue, lâche sa proie, disparaît. L'infortuné Brassaud nage dans son sang ; ses vêtements, en lambeaux, restent sur le champ de bataille ; il se dirige à pied vers sa demeure ; bientôt la faiblesse le force de remonter sur sa mule ; il regagne à peine sa maison".
Ainsi, en moins de trois heures, l'animal a fait dix victimes en quatre attaques. Magistel, qui n'a eu à soigner que les blessés des environs de Beurlay, signale ensuite rapidement que, le lendemain, "dès le matin", le loup a parcouru les communes de Sainte-Gemme, Nancras et le Gua, où il a étranglé ou blessé plusieurs personnes, et qu'il a été tué dans la commune de Sablonceaux.
Quatre sont en effet décédés : Marie-Anne Aimard, âgée de huit ans, Marie-Madeleine Combaud, de vingt-sept ans, Marie-Anne Combaud, de quinze ans, et Pierre Combaud, de huit ans. Des deux hommes, seul Jacques Bonniot survit ; François Brassaud, horriblement atteint, a rendu l'âme le 28 octobre. De six blessés dans l'arrondissement de Marennes, quatre sont décédés. Une femme Loquet, mère de quatre enfants, est morte "sur le lieu", étranglée par le loup. La "femme Burseau", est décédée à Sainte-Gemme.
Source : Journal de l'hôpital de campagne de Beurlay, par le Docteur MAGISTEL (bibliothèque municipale de Saintes-MS68).
Jean-Louis MAGISTEL, docteur en médecine, ex-chirurgien aide-major au 5ième régiment de ligne, né à Cozes (Charente inférieur) le 10 Décembre 1803.
Photos : PM et jfB
1 commentaire:
Un beau compte rendu de sortie pédestre. Mais l'histoire du loup et de ses victimes est un peu triste. A cette époque Louis Pasteur était un tout jeune enfant. Le vaccin viendra plus tard. L'hydrophobie était pratiquement toujours mortelle (hydrophobie littéralement "peur de l'eau" car le malade refusait de boire, en effet la paralysie de la moelle épinière gagnait progressivement l'innervation des muscles du pharyngo-larynx et entrainait des fausses routes insupportables. Le terme est tombé en désuétude. Je suis médecin, retraité, et un des descendants de François Brassaud, ma famille est originaire de Ste Gemme. Et je m'appelle ... François Brassaud
Amicalement à tous les randonneurs
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